Témoignages
Entretien avec Janvier, de l'APECOS, partenaire d'OSI au Burundi :
OSI : Nous travaillons depuis 3 ans avec l'association APECOS. Pouvez-vous faire un bilan global des parrainages ?
Janvier : OSI parraine aujourd'hui ...enfants, ...mineurs chefs de famille et ...aieuls. Jacqueline qui suit les enfants va beaucoup sur le terrain. Les enfants sont scolarisés. L'argent versé par OSI sert à acheter les fournitures scolaires, les uniformes, les frais de scolarité, mais aussi du savon, des produits d'hygiène etc. Le parrainage amène un changement, même au niveau des aïeules. Un parrainage, c'est une famille avantagée. Cela se voit.
OSI : Quel est le salaire moyen au Burundi ?
Janvier : Le salaire moyen est d'environ 40 000 Francs CFA, soit environ 30 à 35 euros par mois. Le parrainage représente une aide très importante pour la famille. Et lorsque parmi les enfants, certains sont malades, ils reçoivent un complément alimentaire.
OSI : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l'épidémie du sida au Burundi ?
Janvier : Nous sommes dans le contexte de 10 ans de guerre et où il y a aussi le paludisme, la malaria qui ont fait beaucoup de morts.
Au niveau du programme d'APECOS, nous essayons de faire ce que nous appelons le dépistage volontaire. Lorsque les plus jeunes sont malades, nous sommes tentés de connaître leur sérologie. Nous essayons de sensibiliser les enfants de plus de 8 ans avec une psychoogue et une assistante sociale qui font des réunions avec les enfants et leur expliquent l'intérêt de se faire dépister.
OSI : Disposez-vous de traitements :
Janvier : ECS (Ensemble Contre le Sida) finance des ARV (Anti-rétro-viraux) pour 10 enfants et une association canadienne pour 15 enfants. Sur les 320 enfants que nous encadrons, il y aurait un tiers des enfants contaminés, soit à peu près une centaine dont certains ne sont pas encore au stade de prendre des traitements.
Une demande est faite au Fonds Mondial pour le financement de 30 traitements. Le coût d'un mois de traitement pour un enfant est de 50 euros. Nous avons remarqué que le montant des frais médicaux payés par APECOS a chuté d'un tiers depuis que les enfants sont traités, car ils sont moins malades et sont moins souvent hospitalisés.
OSI : Quelle est la priorité d'APECOS ?
Janvier : La scolarité et l'éducation sont privilégiées à APECOS, pour que les enfants soient autonomes dans l'avenir, même s'il y a un grand problème d'emploi au Burundi.
OSI : Connaissez-vous le taux de scolarisation ?
Janvier : Il est de 60 % au Burundi, mais tous les enfants suivis par APECOS vont à l'école. Il y a environ 240 000 orphelins du sida au Burundi. Si on compte les orphelins de guerre, les enfants perdus suite à des déplacements ou la guerre, c'est 70 000 enfants qui sont en situation difficile, sur 7 millions d'habitants.
OSI : Combien de permanents êtes-vous à l'association ?
Janvier : Nous sommes 8 permanents, en comptant les 2 encadrant des deux centres que nous avons (l'un pour les filles et l'autre pour les garçons). Les centres accueillent des enfants désorientés, démunis, dénutris qui n'ont pas de famille ou qui sont victimes de discrimination du fait de la maladie.
La discrimination existe : certains enfants vivaient dans la famille proche et quand les parents décèdent du sida et que l'enfant est malade, alors l'enfant est exclu et ne vit plus avec les autres, mange à part etc. Il est alors accueilli au foyer en attendant de rechercher une famille ou un tuteur.
OSI : Avez-vous des aides du PAM ? (Programme ...)
Janvier : Oui, nous recevons quelques aides, mais elles sont insuffisantes. Le PAM ne réajuste pas les quantités données d'une année sur l'autre. La quantité est la même qu'il y a 2 ans, quand APECOS n'avait que 240 bénéficiaires. Alors nous partageons avec les 320.
OSI : Que faites-vous au niveau de la prévention ?
Janvier : Il y a d'abord des réunions, soit avec les familles tutrices, soit avec les enfants, sur la transmission du virus et nous essayons de mettre à disposition des préservatifs.
On essaie aussi de faire des activités culturelles et récréatives avec les enfants ; activités qu'ils préparent par exemple le décembre ou lors de la journée nationale de lutte contre le sida au er Burundi. Par exemple, un concours de dessins sur la prévention ou des compétitions d'éloquence ou de poèmes sur différents thèmes comme la prévention.
OSI : Combien y a t il d'associations de lutte contre le sida au Burundi ?
Janvier : Avant, il n'y avait que 10 associations, mais avec des bruits qu'il y aurait des financement de la Banque Mondiale, il y a eu beaucoup de création d'association. Il y en aurait plus d'une centaine à Bujumbura (capitale du Burundi). Mais sûrement que dans quelques années, elles auront disparu.